Le cas de l’allégation de santé relative aux “polyphénols” de l’huile d’olive vierge

Maria Z. Tsimidou, professor, Laboratory of Food Chemistry and Technology, School of Chemistry, Aristotle University of Thessaloniki, tsimidou@chem.auth.gr

 

Dans l'Union européenne, les allégations relatives à la santé et à la nutrition des denrées alimentaires sont adoptées selon une procédure stricte, conformément au règlement (CE) n°1924/2006. Cette procédure comprend une évaluation scientifique de l'EFSA à la demande des parties intéressées.

 

Dans ce contexte, l’EFSA a approuvé une allégation de santé relative à la consommation d’huile d’olive, et en particulier à la protection des LDL contre l’oxydation.

 

 

Cette allégation de santé est incluse dans le règlement (UE) 432/2012 du 16 mai 2012 de la Commission « établissant une liste d'allégations de santé autorisées sur les denrées alimentaires, autres que celles faisant référence à la réduction du risque de maladie ainsi qu'au développement et à la santé des enfants».

 

L'allégation relative à la santé ne peut être utilisée que pour l'huile d'olive contenant au moins 5 mg d'hydroxytyrosol et ses dérivés (par exemple, le complexe oleuropéine et le tyrosol) pour 20 g d'huile d'olive.

 

Pour un produit, afin de supporter l'allégation de santé, le consommateur doit être informé que l'effet bénéfique est obtenu avec une consommation journalière de 20 g d'huile d'olive.

 

Cette allégation de santé était la seule approuvée parmi les 16 demandes pour les polyphénols de l'huile d'olive.

 

Selon le règlement de l'UE, l'allégation de santé concerne uniquement l'huile d'olive en excluant les cas d'enrichissement d'autres huiles végétales (huiles de graines, margarines) avec des polyphénols provenant d'eaux usées des moulins à huile ou d'autres méthodes similaires.

 

Les composés phénoliques (formes simples et complexes) s’accumulent comme mécanisme de défense de l’olivier contre les agents pathogènes et les herbivores.

 

L'oleuropéine, le verbascoside, le ligstroside, l'acide élénolique, l'oléoside, l'hydroxytyrosol et le tyrosol sont les principales formes de composés phénoliques présentes dans les fruits de l'olivier (1 à 3% de la chair et de l'épiderme). Lors de l'extraction de l’huile, des transformations des composés phénoliques d'origine sont observées. Les principales formes de composés phénoliques présentes dans l’huile d’olive vierge de bonne qualité sont les formes complexes à base d'hydroxytyrosol et de tyrosol alors que l'hydroxytyrosol libre et le tyrosol libre sont présents en quantités plus faibles.

 

Pour pouvoir ajouter sur l’étiquette des informations qui répondent aux exigences de l’allégation de santé, un producteur d’huile d’olive doit contacter un laboratoire d’analyse qui, en appliquant une méthode analytique appropriée, peut certifier la possibilité de telles informations sans induire en erreur le consommateur. Le nombre de composés phénoliques à mesurer est supérieur à 30. C’est pourquoi, dans le cadre du projet OLEUM, l’équipe de recherche du professeur Maria Tsimidou (Université AUTH, Grèce) s’est employée à simplifier la procédure analytique de manière à ce que les phénols puissent être mesurés dans n'importe quel laboratoire équipé d'un système UHPLC équipé d'un détecteur UV.

 

La méthode est basée sur l'extraction de la fraction polaire selon la la méthode proposée par le Conseil Oléicole International et la détermination des composés d’intérêt dans la fraction avant et après hydrolyse au cours de laquelle les formes complexes d'hydroxytyrosol et de tyrosol sont hydrolysées en formes libres. L'organigramme de la procédure analytique est illustré à la figure suivante.

 

 

La méthode a été publiée dans une revue internationale en libre accès (doi: 10.3390 / molécules24061044), elle a également été présentée à la réunion de printemps des experts de l'huile d'olive du COI par la coordinatrice, Prof. Tullia Gallina Toschi, en mai 2018 à Madrid, puis le Consortium a décidé d’organiser une étude interlaboratoire. Le début de l’étude est prevue pour janvier 2020.

 

Le consortium OLEUM invite les laboratoires disposant des instruments appropriés et intéressés par cette méthode d’analyse à contacter Maria Tsimidou (tsimidou@chem.auth.gr) et Tasso Koidis (t.koidis@qub.ac.uk) pour tout complément d'information.